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17 novembre 2025

E.Rials, rédacteur

Renaud, Pagny, Doré, Luciani, Orelsan : une semaine où la chanson française se regarde dans le miroir

Entre anniversaires géants, retour de convalescence, tournées XXL et doutes très intimes, la chanson française vit une semaine charnière. Renaud prépare trois Zénith de Paris pour ses 50 ans de carrière, Florent Pagny revient au premier plan avec Grandeur Nature, tandis que Clara Luciani, Julien Doré et Orelsan interrogent chacun, à leur manière, le temps qui passe, la famille et l’avenir de notre chanson en français.

Dimanche matin, en entendant Renaud annoncer sur RTL qu’il préparait trois Zénith de Paris pour fêter ses 50 ans de carrière, j’ai eu l’impression de voir défiler, en accéléré, un demi-siècle de chanson française. Trois soirs, les 14, 15 et 16 mai 2026, au Zénith de Paris, avec une « pléiade d’invités prestigieux », comme il l’a confié au micro de RTL, de Pascal Obispo à Francis Cabrel, de Julien Clerc à Vianney ou Jean-Louis Aubert. L’article de RTL et la synthèse de L’Éclaireur – Fnac ressemblent presque à un faire-part officiel : Renaud redevient le pivot de toute une famille musicale.


Je regarde la liste des invités annoncés et j’y vois un panthéon très français : Cabrel, Obispo, Julien Clerc, Axelle Red, Olivia Ruiz, Renan Luce… Autant de noms qui figurent aussi en bonne place dans la programmation de PANAME. Ce n’est pas un simple gala d’anniversaire, c’est une mise en scène de ce que nous sommes encore : un pays qui, malgré tous ses doutes, continue de se raconter en français, avec ses auteurs, ses mélodies, ses fidélités. Dans un temps où l’on parle beaucoup de « soft power » anglo-saxon, ce genre de rendez-vous a, pour moi, quelque chose de profondément souverain sur le plan culturel.


Dans le même temps, un autre visage familier remonte sur le devant de la scène : Florent Pagny. Son album Grandeur Nature, sorti en septembre, marque son grand retour après quatre années de combat contre le cancer. Plusieurs médias rappellent que le disque aligne 11 chansons inédites et 6 interludes instrumentaux, autour des thèmes de la quête de sens, des relations humaines et des enjeux de notre époque, comme le détaille la fiche album de la Fnac.


Cette semaine, deux choses m’ont frappé à son sujet. D’abord, le ton des papiers qui racontent son retour : EnjoyStation parle d’un disque « retour aux sources », là où Delta FM met en avant le single Je sais qui je suis, présenté comme un manifeste de cette nouvelle étape de sa vie. Ensuite, les récits très concrets de son corps abîmé mais debout : Closer, Purepeople ou Yahoo racontent ce tournage de Taratata où il a tellement maigri que son pantalon ne tenait plus, obligeant l’équipe à bricoler en urgence. L’article de Closer et celui de Purepeople décrivent une silhouette fragilisée, mais une voix qui retrouve de la lumière.


Je ne peux pas m’empêcher de voir, dans ce mélange de fragilité physique et de retour en grâce populaire (Pagny, c’est plus de 18 millions d’albums vendus), une forme de parabole à la française : on chute, on se relève, on remonte sur scène. Il y a là, qu’on le veuille ou non, quelque chose qui parle de rédemption, de persévérance, de cette espérance très enracinée dans notre vieux pays aux clochers innombrables.


Face à cette génération « historique », la relève n’est pas en reste. Clara Luciani traverse, elle, une période paradoxale. Invitée cette semaine au 20 heures de France 2, elle s’est vu demander, très directement, quand viendrait le prochain album. Dans l’article de Purecharts relayé par Yahoo, elle confie que c’est « de plus en plus difficile » de se projeter dans un nouveau disque, alors même qu’elle est embarquée dans une tournée à succès qui doit s’étirer jusqu’à l’hiver 2026. Le papier de Charts in France et sa reprise sur Yahoo illustrent bien ce tiraillement entre succès scénique et besoin de se préserver.


Dans le même temps, Clara Luciani annonce une collaboration inattendue sur l’album du GP Explorer 3, produit par le rappeur SCH, comme le souligne
M Radio. La chanteuse de La Grenade qui rejoint l’univers hyper-médiatisé d’un événement YouTube/auto-sport, c’est plus qu’un détail : j’y vois une manière de rester dans le jeu sans sacrifier son exigence de chansonnière. Elle ne renonce ni à la scène ni à la langue française, mais elle investit les nouveaux territoires où se fabrique aujourd’hui l’imaginaire des plus jeunes.


Julien Doré, lui, semble vivre l’exact opposé : tout va trop vite, trop fort. Cette semaine encore, un article de Radiomélodie parle d’une tournée 2025 qui connaît un « engouement rare », avec des billets qui s’arrachent et des Zénith complets des mois à l’avance. La chronique de Radiomélodie résume bien le paradoxe : Doré n’a jamais été aussi populaire, avec déjà plus d’un million de spectateurs sur la tournée, mais il évoque en même temps son envie de disparaître quelque temps pour sa famille, comme il l’a confié au Parisien et résumé par Charts in France. On apprend aussi, via Toulouseblog, qu’une nouvelle date événement vient d’être annoncée au Zénith de Toulouse le 29 novembre 2025.


Je vois dans ce discours un autre visage de la même question : comment rester fidèle à son public sans se perdre soi-même ? Il y a chez Doré, comme chez Luciani, cette conscience que la chanson française n’est pas qu’un métier, c’est une vie entière, avec des enfants, des engagements, des déplacements permanents. Je note au passage que ces artistes parlent beaucoup de leurs proches, de leurs enfants : ce n’est pas anodin, dans une époque qui veut parfois faire croire que tout est interchangeable, y compris les racines et la famille.


Et puis il y a Orelsan, l’invité a priori le plus éloigné de la « chanson à texte » telle qu’on l’imagine sur PANAME, et pourtant tellement proche par la manière de se livrer. Son double projet, l’album La fuite en avant et le film Yoroï, est disséqué cette semaine par EnjoyStation. On y découvre un disque et un film centrés sur la paternité, le burn-out, la célébrité et les doutes existentiels, avec, en prime, un caméo de son fils de deux ans dans le film.


En lisant ces lignes, je pense à Nougaro ou Thiéfaine : d’autres mots, d’autres sons, mais la même volonté de transformer ses propres failles en chansons. Qu’un rappeur de 43 ans choisisse de mettre sa paternité au cœur de son œuvre, c’est aussi un signe du temps : la figure du père, souvent malmenée dans notre société, redevient ici un sujet central, presque un héros discret.


Reste le cas Francis Cabrel, discret médiatiquement cette semaine, mais omniprésent… par chansons interposées. En Haute-Savoie, à Montriond, le groupe D’une ombre à l’autre consacre ce week-end un concert entièrement à son répertoire, dans une version rock-blues, comme le détaillent l’agenda local de Haute-Savoie Mont Blanc Tourisme, HelloAsso ou encore Le Dauphiné.


Pendant qu’on reprend La corrida ou Je l’aime à mourir dans un domaine du Baron au bord d’un lac alpin, Renaud annonce, lui, que Cabrel sera de la fête pour ses 50 ans de carrière à Paris. Là encore, j’y vois plus qu’un détail de programmation : la chanson française se pense désormais sur plusieurs générations, entre les créateurs et ceux qui reprennent le flambeau sur scène.


Quand je mets bout à bout toutes ces nouvelles, je vois se dessiner une semaine très cohérente : Renaud qui s’offre trois Zénith pour célébrer un demi-siècle de carrière, Pagny qui revient « en grandeur nature » après la maladie, Julien Doré et Clara Luciani qui se débattent avec la fatigue et la nécessité de durer, Orelsan qui parle de paternité et de doute, Cabrel dont les chansons remplissent encore les salles par tributes interposés. Dans un pays qui doute parfois de lui-même, ces artistes continuent, chacun à leur manière, de défendre une certaine idée de la France : une langue, un répertoire, une fidélité à des histoires très concrètes – d’amour, de familles, de blessures – qui résonnent, qu’on soit dans un Zénith de 6 000 places ou dans une petite salle de montagne.


Je le dis franchement : oui, je suis attaché à cette souveraineté-là, celle de notre chanson en français, enracinée dans une culture et un imaginaire largement marqués par des siècles de clochers et de places de village. Quand PANAME diffuse Pagny, Renaud, Luciani ou Doré, ce n’est pas de la nostalgie muséale : c’est une manière très actuelle de dire qu’on tient à ce patrimoine vivant, qu’on refuse de le diluer dans un bruit de fond mondialisé. Et cette semaine, la bonne nouvelle, c’est que ce patrimoine ne cesse pas de bouger, de douter, de se réinventer.

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