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10 octobre 2025

E.Rials, rédacteur

Julien Clerc et “L’Assassin assassiné” : la chanson devenue symbole de l’abolition, résonne au Panthéon pour Robert Badinter

Lors de la panthéonisation de Robert Badinter, Julien Clerc a interprété L’Assassin assassiné, chanson mythique écrite par Jean-Loup Dabadie en 1971. Retour sur l’histoire d’un titre bouleversant, censuré à sa sortie, devenu au fil des décennies l’hymne de l’abolition de la peine de mort.

Une cérémonie empreinte d’émotion

Le 9 octobre 2025, le parvis du Panthéon s’est paré d’un silence solennel. La France rendait hommage à Robert Badinter, l’homme qui fit abolir la peine de mort en 1981, figure morale et juridique majeure du XXᵉ siècle. Parmi les moments les plus émouvants de la cérémonie, un instant musical a marqué les esprits : Julien Clerc, accompagné d’un simple piano, a interprété L’Assassin assassiné.
Cette chanson, écrite plus d’un demi-siècle plus tôt, prend aujourd’hui la dimension d’un testament républicain : un chant d’humanité face à la barbarie légale.


Un plaidoyer né dans la tourmente

Composée en 1971, L’Assassin assassiné est née d’une collaboration entre Julien Clerc et Jean-Loup Dabadie. À l’époque, la France vit encore sous le régime de la peine capitale. Le jeune chanteur, révélé par Hair, cherche déjà à donner du sens à sa voix. Dabadie, lui, imagine le texte d’un homme condamné à mort, qui raconte sa peur et son incompréhension.
Le titre est fort, poétique, dérangeant. On y entend :

« Je suis l’assassin assassiné / Je suis celui qu’on a jugé / Je suis celui qu’on a tué. »

Cette ballade d’apparence simple est en réalité une prière laïque, une interrogation sur la justice, la vengeance et la dignité humaine. À sa sortie, la chanson choque : certaines radios refusent de la diffuser, jugeant le propos trop polémique.


Une chanson presque interdite

L’histoire de L’Assassin assassiné aurait pu s’arrêter là. Dans un contexte politique encore très divisé, la censure est quasi immédiate. Certaines maisons de disques craignent la réaction du public. Julien Clerc raconte souvent que son label a hésité à inclure le titre dans l’album. Pourtant, il s’y accroche : « C’était une chanson nécessaire », confiera-t-il plus tard.
Cette détermination fait écho à l’engagement futur de Robert Badinter, qui, dix ans plus tard, abolira la peine de mort au nom d’un même idéal humaniste.


D’un cri isolé à un hymne collectif

Ce qui était, en 1971, une chanson marginale, devient au fil du temps une référence morale. En 1981, lors du vote de la loi portée par Badinter, la chanson refait surface. De nombreux enseignants, militants et journalistes la diffusent dans les écoles, les débats et les émissions radiophoniques. Le texte de Dabadie, qui s’adresse au cœur plus qu’à la raison, devient le miroir d’une société qui s’interroge sur sa propre violence. Selon un sondage réalisé cette année-là, plus de 60 % des Français étaient encore favorables à la peine de mort. L’art, une fois de plus, avait devancé la politique.


Julien Clerc, témoin d’une époque

Interpréter L’Assassin assassiné devant le cercueil de Robert Badinter n’était pas un hasard. Julien Clerc, âgé aujourd’hui de 77 ans, incarne cette génération d’artistes engagés qui ont su allier élégance et conscience. Dans la cour du Panthéon, il a chanté sans emphase, avec une émotion retenue, devant le président de la République, les membres du gouvernement et la famille du garde des Sceaux disparu.
L’instant, filmé par les caméras du monde entier, a figé dans la mémoire collective le lien entre deux hommes : le poète et le juriste, le chanteur et l’avocat, unis par une même croyance en la valeur de la vie.


Un message toujours d’actualité

Plus de cinquante ans après sa création, L’Assassin assassiné continue de résonner. Dans un monde où la peine capitale subsiste encore dans plus de 50 pays, la chanson rappelle que l’art peut être une arme pacifique. Les paroles, d’une sobriété désarmante, résonnent aujourd’hui comme un avertissement universel :

« Vous m’avez jugé, condamné, exécuté… Et maintenant, qui me jugera ? »

Julien Clerc a souvent dit que cette chanson lui échappait, qu’elle appartenait à l’histoire. Le 9 octobre 2025, face au cercueil de Robert Badinter, elle est devenue plus qu’une chanson : un symbole, une prière, un souffle de mémoire.


Une trace indélébile dans la mémoire française

Avec L’Assassin assassiné, Julien Clerc a offert à la République un moment d’une intensité rare. Ce chant d’humanité, jadis menacé d’être censuré, a trouvé son écho au Panthéon, là où reposent ceux qui ont servi la liberté et la justice. Et tandis que s’élevait la voix du chanteur, les mots de Dabadie semblaient s’adresser à tous :

« Ne tue pas, même celui qui a tué. »

Un demi-siècle après sa naissance, cette chanson n’a rien perdu de sa force. Au contraire, elle rappelle que la culture, quand elle est sincère, peut changer la conscience d’un pays.

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