12 décembre 2025
E.Rials, rédacteur
Clara Luciani, Daho, Pomme : l’hiver où la chanson française se remet à respirer

Clara Luciani relance l’hiver avec un duo annoncé avec Étienne Daho pour la Star Academy et une chanson de Noël avec Pomme. Entre fatigue assumée et envie de collectif, je vois se dessiner un virage 2026.
Il y a des semaines où, en studio, je sens la programmation « tenir » toute seule. Une intro de “La grenade”, un pont qui arrive comme une vague, et soudain les auditeurs se taisent dans leur cuisine, dans leur voiture, dans leur journée. Cette semaine, j’ai eu ce petit frisson-là en lisant un entretien de Clara Luciani, publié le 9 décembre 2025 : elle y parle d’une année menée au pas de course, et surtout d’un détail qui dit beaucoup plus que l’info elle-même — elle répète en ce moment avec Étienne Daho pour un duo lié à la Star Academy, et avec Pomme pour une chanson de Noël. (Les Inrocks)
Je vais être clair : ce n’est pas « juste » un agenda d’artiste. C’est un signal.
D’abord parce que Daho, dans notre paysage, c’est un baromètre. Quand il se déplace, c’est rarement pour faire de la figuration. Il a ce goût de l’épure pop, cette façon de tenir une ligne sans la surligner, et ça oblige l’autre à se hisser. Le fait que Clara évoque des répétitions avec lui, maintenant, en décembre, me donne l’impression d’un passage de relais discret : pas un adoubement officiel, plutôt une connivence de studio, une poignée de main entre générations qui se comprennent. (Les Inrocks)
Ensuite parce que « chanson de Noël » dit souvent kitsch. Or là, le nom de Pomme change tout. Pomme apporte une gravité tendre, une simplicité qui ne s’excuse jamais, et une exigence sur les mots qui évite la guimauve. Les deux ensemble, si ça se fait comme annoncé, peuvent produire exactement ce que j’attends d’une chanson de Noël moderne : de la chaleur, oui, mais avec une vraie mélancolie au bord. Et ce n’est pas une rumeur sortie d’un commentaire : France Inter annonce une carte blanche à Clara Luciani pendant la période de Noël, avec des reprises en duo, dont Pomme fait partie. (radiofrance.com)
À ce stade, je reviens à la phrase qui m’a accroché dans l’entretien : Clara raconte une année intense, et laisse entendre que ce rythme n’est pas un fantasme, mais une réalité physique. Je la crois facilement : ces tournées, ces plateaux, ces « retours » permanents, c’est la mécanique des têtes d’affiche d’aujourd’hui. On les veut partout, tout le temps, et si elles disparaissent un trimestre, on les dit « absentes ». L’industrie appelle ça de la visibilité ; le corps, lui, appelle ça de la fatigue. (Les Inrocks)
Et c’est là que je trouve son mouvement intéressant, presque stratégique : au lieu de se bunkeriser, elle parle de collaboration, de duo, d’ouverture. Daho d’un côté (la pop française qui a appris l’élégance), Pomme de l’autre (la chanson qui assume la fragilité sans la transformer en posture). Ça ressemble à une manière de se régénérer artistiquement, en changeant d’air sans changer d’âme. (Les Inrocks)
Je sais ce que certains lecteurs se diront : « Une chanson de Noël et un duo télé, est-ce que ça mérite un papier ? » Oui, parce que la chanson française vit un moment paradoxal : on a des artistes très identifiés, très aimés, mais on manque parfois de ces points de rencontre qui créent des histoires communes. Un duo, quand il est bien choisi, refabrique de la mémoire collective. C’est exactement ce que la radio adore — et ce que le public réclame sans toujours le formuler : un moment partagé, un refrain qui réunit, une émotion qui circule.
Et puis il y a ce qu’on ne dit pas assez : la Star Academy, qu’on le veuille ou non, reste une vitrine populaire. Quand une artiste comme Clara s’y implique, et quand un nom comme Étienne Daho se retrouve dans le tableau, ça fait entrer la pop d’auteur dans un salon français beaucoup plus large que nos cercles habituels. TF1 a d’ailleurs documenté une séquence où Daho partage la scène avec les élèves, aux côtés de Clara, autour d’un medley de titres du répertoire de Daho. Ce n’est pas une hypothèse : c’est visible, daté, assumé. (TF1)
Ce que j’aime, au fond, c’est la cohérence : Clara Luciani n’essaie pas de devenir quelqu’un d’autre. Elle reste cette voix ample, cette énergie claire, ce sens du refrain qui ne méprise pas la mélodie. Mais elle semble chercher l’oxygène là où il se trouve : dans les voix des autres. Dans une époque où beaucoup d’artistes s’enferment dans le contrôle (tout écrire, tout produire, tout verrouiller), choisir le duo, c’est accepter le risque — et donc la vie.
Si je me projette côté PANAME, je vois très bien comment cette actualité peut se traduire à l’antenne : remettre Daho en regard de Clara, enchaîner sur Pomme, et laisser l’auditeur entendre une filiation plutôt qu’une simple playlist. Pas une « actu » plaquée, mais une histoire : celle d’une chanteuse qui, au lieu d’appuyer sur l’accélérateur, cherche une nouvelle façon d’avancer.
Pour ceux qui veulent remonter à la source et lire précisément ce qui est dit :
— Les Inrockuptibles (9 décembre 2025) : https://www.lesinrocks.com/musique/2025-par-clara-luciani-jai-pris-des-vacances-en-aout-ca-me-suffit-pour-les-dix-prochaines-annees-684598-09-12-2025/ (Les Inrocks)
— Radio France / France Inter (communiqué “Les fêtes arrivent…”, 1 décembre 2025) : https://www.radiofrance.com/presse/les-fetes-arrivent-sur-france-inter (radiofrance.com)
— TF1 / Star Academy (séquence avec Étienne Daho et Clara Luciani) : https://www.tf1.fr/tf1/star-academy/videos/star-academy-2025-lequipe-jaune-chantent-avec-etienne-daho-avec-clara-luciani-65828499.html (TF1)
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